Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/393

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si qua est ; c’est la subversion, en tout, partout et toujours, de la balance économique.

Or, puisque le pouvoir, d’après tous les politiques, est établi pour la garde de la Justice, ce qui revient à dire pour maintenir la balance entre les intérêts et les services, il résulte que le remède à l’instabilité politique est trouvé : c’est de renoncer à l’hypothèse préconçue d’une inégalité nécessaire, et, à la place de cette idée funeste qui corrompt les gouvernements, de donner à l’État, pour idée mère, l’équilibre économique ; pour mission, de procurer lui-même cet équilibre.

Ainsi la théorie de l’instabilité politique, par suite celle de la nécessité politique ou de la raison d’État, qui a inspiré tous les législateurs, les philosophes, les hommes d’État, et qui gouverne encore aujourd’hui les sociétés, cette théorie est triplement fausse : elle est fausse dans sa donnée métaphysique, en ce qu’elle suppose un état de subversion nécessaire ; elle est fausse dans sa notion de l’inégalité, dont elle fait à la fois une loi de nature et une loi sociale, ce qui veut dire une loi de droit ; elle est fausse, enfin, dans la conséquence qu’elle tire de cette inégalité, contre laquelle elle suppose que l’homme se révolte malicieusement, tandis que son devoir est de s’y soumettre ; j’ajoute : ce qu’il ne manque pas de faire, tant qu’il n’y découvre pas d’injustice.

Nous tenons maintenant le fil qui va nous conduire dans le labyrinthe politique et nous donner le secret de toutes les agitations et culbutes des gouvernements. L’histoire des États n’est autre que l’évolution de cette funeste erreur, qui commence à l’origine même des sociétés, dont la philosophie s’est faite ensuite l’écho, et qui ne devait finir qu’à l’apparition d’une science nouvelle, l’économie.

On conçoit, du reste, que ce n’est point avec cette