Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/429

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convertir tous les autres. Comment le Saint-Siége mène-t-il la chrétienté, je veux dire cette partie de l’Église qui lui est restée fidèle ? Quels sont ses rapports de juridiction, d’administration, avec les évêques ? Comment ceux-ci, à leur tour, gouvernent-ils leurs curés, leurs religieux, leurs lévites, et toute leur milice ? La liberté entre-t-elle dans ce système, et dans quelle mesure ? La Justice y est-elle inviolable ? la responsabilité assurée ? l’ordre garanti ?… Car, comme les prêtres se font les uns aux autres, ils feront à leurs ouailles : c’est la loi et les prophètes.

XXI

Un curé de campagne, dans un manuscrit que j’ai sous les yeux, résume comme suit le gouvernement ecclésiastique. Remarquez, Monseigneur, qu’en citant ce témoignage non suspect, je suis loin de donner aux regrets qu’il exprime mon approbation. C’est manquer à l’Église et changer l’esprit du christianisme que d’y introduire des formes de gouvernement et des garanties qui ne tendent à rien de moins qu’à jeter la suspicion sur le mandat apostolique et à rendre la foi chrétienne inutile. Mon curé est honnête homme, je le garantis tel ; l’esprit de la Révolution l’a séduit comme bien d’autres, il n’est plus chrétien.

« L’arbitraire le plus absolu préside aux destinées du clergé. L’évêque, autorité sans contre-poids et sans contrôle, tient notre sort entre ses mains, dispose de nous à son gré. Il nous destitue, nous disgracie, nous condamne à un vicariat perpétuel, nous dépouille de notre traitement, de notre réputation, de notre honneur, nous frappe d’interdit, sans qu’aucune puissance au monde intervienne dans l’exercice de ce pouvoir monstrueux.

« Comme le capitaine de vaisseau à son bord, Monseigneur est maître après Dieu. Mais, la traversée opérée, le capitaine vient respectueusement soumettre sa gestion au contrôle de ses