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Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/489

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formée, elle est autre chose que l’individu, un organisme qui impose à ce dernier ses lois ?… » C’est ainsi que s’est formée l’hypothèse d’un être social, réel, positif et vrai.

Mais ce n’est qu’une hypothèse : qui nous atteste cette réalité ? En quoi consiste-t-elle ? Où la saisir ? Comment en analyser les parties ?…

Ici tout est à faire, et si la Révolution ne nous inspire, nous n’avons plus qu’à confesser notre impuissance : il n’y a pas de gouvernement.

Je raisonne donc du gouvernement comme j’ai raisonné de l’économie et de la Justice. C’est une chose à laquelle, malgré tous les mécomptes, l’humanité s’obstine ; que ni la violence, ni la ruse, ni la superstition, ni la peur, ne suffisent plus à expliquer. À priori, j’affirme que l’institution politique repose, non sur une convention ou un acte de foi, mais sur une réalité.

Ce sera le sujet de ce dernier chapitre.

XLIV

Ceux qui font les révolutions, et ceux qui y assistent, n’en découvrent d’ordinaire que le côté négatif. Trop près des événements pour en saisir l’ensemble, ils n’en voient pas la raison historique, l’affirmation qui les légitime.

Ainsi le christianisme, en niant le destin, affirmait implicitement la providence ; en niant l’esclavage, sans affirmer l’égalité, il posait la prédestination ; en renversant l’état païen, il préludait au gouvernement ecclésiastique. Ces affirmations, tout insuffisantes, toutes fausses qu’elles fussent en elles-mêmes, étaient la conséquence de l’état religieux combiné avec l’universalité du pouvoir impérial ; la transition était nécessaire, et, sous ce rapport, légitime.

Mais rien de tout cela ne pouvait être compris des empereurs ; il le fut à peine, pendant les quatre premiers