Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/110

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opinion fut introduite, après la captivité de Babylone, par les pharisiens, mot qui signifie, suivant l’une ou l’autre des deux étymologies qu’on lui donne, hérétiques, ou sectateurs du parsisme, c’est-à-dire de la doctrine de Zoroastre.

XL

N’attendant rien de la religion, la bonne mort, l’euthanasie, chez les anciens, résultait de deux causes : la plénitude de l’existence, et la communion sociale.

Il mourut plein de jours, dit la Bible, entendant par ce mot, non pas tant le nombre des années que la parfaite ordonnance, congruité et beauté de la vie, dans toutes ses périodes et manifestations.

La mort, ainsi obtenue, est la dernière des béatitudes. Loin qu’elle paraisse amère, elle exclut toute addition de bonheur, par conséquent tout supplément de vie. C’est l’idée rendue par La Fontaine :

Rien ne trouble sa fin, c’est le soir d’un beau jour.

Voilà, en douze syllabes, toute la pratique des anciens sur le bien mourir ; voilà leur sacrement.

La seconde cause qui leur rendait la mort heureuse était le sentiment de la communion sociale dans laquelle ils expiraient.

Il y en a un bel exemple dans le distique de Simonide gravé au passage des Thermopyles sur la tombe des trois cents Spartiates : Passant, va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois.

Point d’allusion à une vie ultérieure, point d’exaltation vaine. Le fait pur et simple, sublime dans sa simplicité : Ici nous sommes morts, mais nous vivons à Lacédémone.

C’est dans ce sens qu’il faut entendre la chanson d’Harmodius : Je porterai mon épée dans une branche de myrte,