Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/213

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dont elle est exclue, et sans autre compensation pour elle que le ciel.

Du reste, la même foi qui faisait du travail un motif de résignation pour la classe la plus nombreuse faisant en même temps de l’aumône une condition de salut pour les riches, les établissements de bienfaisance, servant de palliatifs au paupérisme, ne manqueront pas ; il y aura, comme dit M. Moreau-Christophe, un hospice pour chaque espèce de misère. Ajoutez le travail et la vie en commun dans les maisons religieuses, et tous ces essais d’organisation sociale, déjà renouvelés des Grecs, que le dix-neuvième siècle a cru inventer : communisme, saint-simonisme, phalanstérianisme, etc. Le droit seul est écarté, comme il l’a été par les utopistes contemporains, le droit, qui ne laisse rien à faire à la fantaisie, au roman et au mélodrame.

Je dis donc : 1o que le problème du travail ainsi traité demeure entier ; que la loi d’amour, pas plus que la loi d’égoïsme, ne l’a résolu. Et ma raison est simple : c’est qu’elles ne font l’une et l’autre que consacrer, sans discussion, le fatalisme du travail et son inévitable conséquence, savoir la division de l’Humanité en deux classes : l’une supérieure qui jouit et commande, l’autre inférieure qui sert et s’abstient.

J’ajoute : 2o que, le problème ainsi posé et reposé par les deux grandes phases religieuses, il est inévitable que la solution se produise. Et ma raison est encore que, ces deux phases étant en progrès, la première ayant reconnu à l’esclave un droit à la VIE et le protégeant contre les mauvais traitements, mais sans lui accorder de personnalité, la seconde ayant reconnu sa personnalité, mais sans lui accorder de propriété, il faut maintenant, et de toute nécessité, que le droit personnel amène le droit réel, que la loi d’amour devienne