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suivit, que les convenances maçonniques me défendent de rapporter. Ceux qui connaissent mes Contradictions économiques, et qui liront ces Études, pourront se faire une idée des considérations sérieuses sur lesquelles je fondais alors et affirme encore aujourd’hui mon opinion. L’antithéisme n’est pas l’athéisme : le temps viendra, j’espère, où la connaissance des lois de l’âme humaine, des principes de la Justice et de la raison, justifiera cette distinction, aussi profonde qu’elle paraît puérile.

Dans la séance du 8 janvier 1847, il était impossible que le récipiendaire et les initiés se comprissent.

Ni moi je ne pouvais pénétrer la haute pensée de la franc-maçonnerie, n’en ayant pas vu les emblèmes ; ni mes nouveaux frères ne pouvaient reconnaître leur dogme fondamental sous une expression blasphématoire, qui renversait les habitudes du langage vulgaire et toute la symbolique religieuse.

C’est le sentiment qui resta dans les esprits, et qui fit passer outre à la cérémonie.

Après avoir subi les épreuves, le bandeau tomba enfin de mes yeux, et je me vis entouré de mes frères, revêtus de leurs insignes, tenant leurs épées dirigées sur ma poitrine ; je reconnus les emblèmes sacrés ; on me fit asseoir à mon rang parmi les adeptes, et l’orateur de la loge, le vénérable frère P***, âgé aujourd’hui de quatre-vingt-douze ans, doyen de tous les maçons du globe, prononça le discours de ma réception. Qu’il reçoive ici le témoignage public de ma reconnaissance et de mon respect.

Eh bien ! s’écrie le lecteur, qu’avez-vous vu dans cette fameuse maçonnerie, aux mystères si terribles, contre laquelle l’abbé Barruel aboya tant d’injures dans son Histoire du Jacobinisme, et que l’abbé Proyart et autres accusèrent ensuite d’avoir fait la Révolution ?

Ce que j’y ai vu, je vais vous le dire. Les sociétés ma-