Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/220

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çonniques, placées sous le regard du pouvoir et le patronage des hauts dignitaires, n’ont plus de secrets. Leurs mots de passe, leurs termes cabalistiques, leurs signes et attouchements, tout cela est connu, imprimé, publié, et court les rues. Quant à la doctrine, depuis que la tolérance est devenue par tout le globe un principe de droit public, et le déisme un pied-à-terre provisoire pour tous ceux qui ont renoncé à la religion de leurs pères, on peut dire qu’elle est entrée dans la circulation générale. Le silence recommandé aux frères ne porte en réalité que sur les affaires de la société et les choses personnelles.

Mais par delà le déisme et la tolérance, que les loges dissimulaient avec tant de soin il y a soixante-quinze ou quatre-vingts ans, et qui forment encore aujourd’hui la substance de leur enseignement officiel ; par delà ce cérémonial qui n’a plus même le mérite d’exciter la curiosité des profanes, il est une philosophie supérieure qui ne se communique point, attendu qu’elle est demeurée lettre close pour tout le monde, que je puis révéler par conséquent sans manquer au serment maçonnique, puisque je n’en dois l’intelligence qu’à moi-même, bien qu’elle constitue selon moi le véritable mystère, le dogme glorieux et fondamental de la franc-maçonnerie.

J’ose espérer que cette exposition rapide sera reçue avec bienveillance, sans approbation ni désapprobation, par toutes les loges de France et de l’étranger. Nos Vénérables sauront comprendre qu’autant l’enseignement de pareilles idées, s’il était secret, pourrait avoir de péril pour la société qu’ils représentent, autant il est utile à cette société que le public soit saisi de principes qu’elle sera toujours à temps de désavouer s’ils sont jugés faux, mais dont tout l’honneur lui revient légitimement, si la conscience universelle les réclame.