Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/252

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J’accorde donc toutes les transitions qu’on voudra.

J’irai même jusqu’à supposer, pour un moment, que notre espèce, au physique et au moral, est foncièrement incorrigible, et que cette malice d’esprit et de cœur que l’homme apporta en naissant et que la servitude sociale a si bien développée, il la conservera toujours.

Mais puisque enfin nous avons tant fait que de nous donner des gouvernements, une police, des lois ; puisque nous ne cessons de parler de Justice, de droit public et civil ; puisque la philanthropie du pouvoir va jusqu’à s’occuper de l’enfant de manufacture et des industries insalubres, je demande que l’on pose une bonne fois les principes de l’éducation industrielle et du droit de l’ouvrier. Nous savons ce que pense l’Église, soutenue de l’adhésion de toutes les sectes mystiques ; et je viens de dire ce que veut la Révolution. Allons, que la question soit portée, dans sa grandeur, au Conseil d’État et au Corps législatif, débattue dans les écoles, proposée, par mandement des évêques, dans toutes les chaires. Que du moins, si la misère morale et intellectuelle de l’ouvrier est incurable, la sagesse du législateur soit sans reproche. Car la situation n’est plus tenable ; car tout prétexte d’ajournement serait odieux, et je ne sais quelle fureur d’indignation me saisit rien que d’y penser. Contre les exécrables théories du statu quo je me sens à bout d’arguments ; et si je pouvais oublier devant qui je parle, ce ne seraient plus, Monseigneur, des paroles humaines que vous auriez à entendre, ce seraient les rugissements d’une bête féroce.