Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/58

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« J’aurais peut-être chanté un poème épique si c’eût été le siècle de l’épopée. Mais qui est-ce qui fait ce qu’il aurait pu faire, dans ce monde où tout est construit contre nature ? Ce n’est pas moi. Nous rêvons des pyramides, et nous ébauchons quelques taupinières. Rien n’est que fragments dans notre destinée, et nous ne sommes nous-mêmes qu’une rognure de ces fragments : tout homme, quelque bien doué qu’il paraisse être, n’est qu’une statue tronquée. »


M. de Lamartine a été élevé par les jésuites : cela se devinerait à son style, quand même il ne prendrait pas soin de nous l’apprendre. Quel pauvre citoyen que celui qui maudit son siècle parce que ce siècle n’a pas fait de lui un Homère ! Eh ! qui vous empêchait, grand homme manqué, d’être un Cincinnatus ? Cela n’eût-il pas mieux valu pour votre gloire et pour le salut de la République ?

« Ce mode d’enseignement, lisais-je, à propos de l’école mutuelle, dans un article du Moniteur du 30 janvier 1853 par M. Rendu, très-médiocre quant à l’instruction, est tout-puissant pour l’éducation, en ce qui concerne le caractère. Aussi est-ce le système anglais par excellence. Pour moi, disait un instituteur, je cherche à couler du fer dans l’âme des enfants. »


Quinze cents écoles mutuelles existaient sous la Restauration : toutes ont disparu peu à peu, par l’ordonnance du 8 avril 1824, qui a ôté l’instruction primaire à l’Université pour la donner aux évêques. J’ai passé par cette école, qu’avaient établie à Besançon MM. Ordinaire : comme le remarque M. Rendu, les écoliers n’étaient pas écrasés de leçons ; nul d’entre eux n’aspirait à devenir président d’une démocratie ou chantre d’une Iliade : ils avaient l’air de petits citoyens.

Depuis 1824, les Ignorantins ou Frères de la Doctrine chrétienne ont tout envahi. Je ne dirai rien de leur enseignement, où l’histoire sainte, le catéchisme, les exercices de piété, tiennent une si grande place, où tout est subordonné au mètre de la foi. Chacun sait que l’année