Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/59

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de première communion est perdue pour l’étude ; c’est pour les enfants du peuple comme un avant-goût de la conscription. Mais ce qu’il est permis d’affirmer, c’est qu’à la place de cette éducation libérale et fière que promettait la méthode de Lancaster, le peuple reçoit, grâce aux Ignorantins, une éducation telle que la demandent l’Église et le despotisme. L’enfant, que retenait la censure de ses camarades, que stimulait si heureusement leur suffrage, n’a plus de mobile qu’une superstition précoce, la crainte des humiliations, voire même des coups. Fouets, mignettes, genouillères, supplices de toute sorte, telle est la discipline ecclésiastique, pour l’école et pour le couvent. Le prêtre aime à châtier, corriger, punir, frapper ; affliction de l’âme en même temps que du corps, par la mise à genoux, la prison, la ridiculisation. Les mœurs du siècle mettent un frein à cette pénitencerie afflictive et infamante ; mais attendons la fin.

« Un arrêt de la Cour de Paris, rendu en 1838, constate que dans l’établissement de Saint-Nicolas, où plus de trois cents enfants de six à quinze ans étaient réunis sous l’abbé Bervanger, on avait comme instruments de punition des genouillères à bords tranchants, et pour les fautes plus graves des genouillères perfectionnées. L’usage de ces genouillères était fréquent, disent dans leur rapport les inspecteurs. » (A. Guillard, Éléments de statistique.)


On n’a pas oublié l’histoire de ce cuistre enfroqué qui, dans un de nos établissements d’Algérie, faisait attacher à la queue d’un cheval les élèves qui avaient encouru une punition.

L’Église, qui enseigne si peu, ne tient nullement aux caractères. Son but, hautement avoué, est l’abêtissement. Loin qu’elle veuille couler du fer dans l’âme des enfants, elle travaille à en faire une cire molle. Quand l’évêque