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Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/210

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blesse. Comme la propriété et le travail, l’amour doit obéir à Justice : voilà sans doute ce que poursuivaient en idée les premiers qui essayèrent cette difficile réglementation. Avant de récuser une tendance aussi générale, il faudrait prouver que la conscience n’est rien, la Justice rien, la dignité personnelle rien ; que le droit, qui régit tout, n’a rien à voir à l’amour et à la génération : ce qui emporte la négation de la société dans son embryon, la famille.

Que la Justice saisisse l’homme dans ses amours comme dans toutes les manifestations de son activité, loin de nous en étonner nous devons nous y attendre : il ne nous reste qu’à découvrir la loi et à nous y soumettre.

Je reprends donc la question posée : Que signifie tout d’abord cette distinction de personnes ? Pourquoi interdire le mariage entre sujets que la consanguinité devait, ce semble, rendre d’autant plus chers l’un à l’autre qu’elle était déjà un commencement de justice ? C’est ce que répondaient autrefois les sectateurs de Zoroastre, à qui les étrangers reprochaient d’épouser leurs sœurs, leurs filles et leurs mères.

VII

Voici qui n’est pas moins digne d’attention.

Que des hommes, réunis par un pacte de réciprocité protectrice, conviennent entre eux de placer les femmes, de même que les propriétés, hors du droit commun ; qu’ils fassent ainsi de l’abstention mutuelle de leurs concubines une convention civique ; que même ils assurent à celles-ci et à leurs enfants, en cas de séparation, des aliments, une indemnité, en récompense de leur jeunesse déflorée et de leurs soins, je ne vois à tout cela rien qui sorte des limites des conventions ordinaires : affaire de convenance, de prévoyance, qui n’enchaîne la liberté des couples qu’aussi longtemps qu’il leur convient