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comprendre et de la justifier. Suivons-la donc, et sans nous étonner de sa marche énigmatique, recueillons ses déclarations à mesure qu’elles se produisent.

XI

Au nom de quelle puissance le mariage prétend-il dompter l’amour, sauver l’homme des ennuis de la possession, des tribulations de la chair et de l’éclipse de l’idéal ; puis, protéger la femme déflorée, et assurer l’existence des enfants ?

Au nom de la Justice. Si l’amour, ainsi que nous l’avons expliqué ailleurs, est plus fort que la mort, la Justice à son tour sera plus forte que l’amour : telle est la donnée du mariage.

Ceci résulte d’abord des conditions, formalités et cérémonies matrimoniales, telles qu’on les voit se produire ou qu’elles tendent à se produire chez tous les peuples, et dont la substance peut se résumer dans les articles ci-après :

1. Le mariage n’est pas abandonné à l’inclination amoureuse, qui n’est point écartée, mais que l’on considère comme étant seulement de second ordre ;

2. Le consentement des familles est demandé en même temps que celui des époux ;

3. La société prise à témoin, d’abord des promesses, fiançailles, puis de l’engagement ;

4. Une cérémonie solennelle, religieuse, réalise le mariage, et en fait un sacrement ;

5. Par cet acte sacramentel, incompatible de sa nature avec toute idée de polygamie et de divorce, les époux se jurent réciproquement un amour inviolable et perpétuel ;

6. Le mari promet protection et dévouement, la femme obéissance ;

7. Ainsi conjoints sous les auspices de la famille et de la cité, les époux forment entre eux et avec leurs futurs enfants