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lière de ne point admettre. Pour ce qui est du remariage après décès, elle permet les secondes et même les quatrièmes noces, et déclare hérétiques ceux qui les blâment : Il vaut mieux se marier que brûler ! Ô saintes Cornélie, Porcie, Agrippine ! trop heureuses d’être nées idolâtres, à l’abri des accommodements de la chasteté chrétienne !

XXXIV

Qu’après cela Paul dise : Ceci est un grand sacrement ou un grand mystère, car le mot sacramentum se prend au sens de mysterium chez les anciens Pères, il n’y a vraiment pas là de quoi établir la religion de l’Église à l’endroit du mariage, d’autant moins que l’Apôtre prend soin d’expliquer lui-même ce qu’il veut dire, quand il qualifie le mariage de mystère :

« Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur :car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Église, dont il a sauvé le corps ; et comme l’Église est soumise au Christ, ainsi les femmes doivent en toutes choses être soumises à leurs maris.

« Maris, à votre tour, aimez vos épouses : comme le Christ a aimé son Église et s’est livré pour elle, afin de la sanctifier, laver et purifier par la parole de vie, et de se faire une Église glorieuse, sans tache, sans ride, pure et immaculée ; ainsi les maris doivent aimer leurs épouses comme leurs propres corps.

« Ceci est un grand mystère : je vous le dis en Christ et en l’Église. » — (Aux Éphésiens, v.)


Tout le monde ne devine pas comment ces banalités sur la soumission des femmes et l’affection des maris couvrent un mystère en Jésus-Christ et en l’Église. Il faut pour cela se reporter aux Écritures dont Paul est rempli, se rappeler que sous l’ancienne loi le pacte de Jéhovah avec la Synagogue était représenté sous l’allégorie d’un mariage ; voir encore, aux chap. xvi et xxiii d’Ézéchiel