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théoriciennes de l’égalité sociale des sexes, au mépris de la nature et de la Justice.

Que dit d’abord la nature ?

C’est un fait d’expérience, commun à tous les mammifères, que jusqu’à la puberté la complexion du jeune homme et celle de la jeune fille ne diffèrent presque en rien, mais qu’à partir du moment où commence la masculinité, l’homme prend le dessus sous plusieurs rapports : carrure des épaules, épaisseur du cou, roideur des muscles, grosseur des biceps, force des reins, agilité de tout le corps, puissance de la voix. C’est un fait qu’on peut arrêter ce développement, et retenir, pour ainsi dire, à l’état neutre le jeune mâle en le mutilant ; que l’adulte lui-même, soumis à la castration, redescend insensiblement et perd ses qualités viriles, comme si, par la faculté génératrice dont il est doué, l’homme, avant d’engendrer son semblable, s’engendrait lui-même et se portait à ce degré de puissance auquel n’atteint jamais la femme.

C’est encore un fait d’expérience que l’abus des jouissances amoureuses et les pertes séminales font, comme la castration elle-même, déchoir l’homme de sa force et des qualités qu’elle engendre, l’agilité, l’ardeur, le courage ; et que l’âge où il commence à vieillir est celui où ses organes produisent moins de cette semence, dont la plus forte part est employée à la production de la force.

Enfin, c’est un fait d’expérience qu’entre les individus de sexe masculin les différences, quant à la force et à l’agilité physiques, ne sont pas, en général, proportionnelles à la taille, au volume et au poids, mais à l’énergie virile et à la manière plus ou moins parfaite dont cette énergie sert et entretient le système. De là ces tempéraments adoucis, aux formes moins anguleuses, aux corps moins membrus, que les paysans de Franche-Comté ap-