Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/384

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lygynie est-elle si fréquente, la polyandrie si rare ; pourquoi la femme répugne-t-elle moins que l’homme à la promiscuité, ainsi qu’en témoigne l’histoire des sectes gnostiques, si ce n’est que son moi est plus faible que le nôtre (Mme  Necker de Saussure) ; qu’elle est toujours plus près de la nature, c’est-à-dire de l’état de nature (Daniel Stern) ; qu’elle a par conséquent un sentiment beaucoup moins énergique de sa dignité ; qu’autant son esprit reste, par lui-même, borné à l’aperception sensible, autant sa conscience reste dans la sphère des affections ; que, dans ces conditions intellectuelles et morales, sa fonction naturelle étant surtout l’enfantement, elle tend, de toutes les puissances de son être, à un but unique, qui est de vaquer aux œuvres de l’amour ?

D’elle-même, la femme est impudique ; si elle rougit, c’est par crainte de l’homme. Aussi, que ce maître lui manifeste son dégoût, qu’elle s’entende comparer par lui aux femelles les plus immondes : la pudeur alors s’éveille en elle, et bientôt deviendra son moyen le plus puissant de séduction.

XVI

Ceci jette sur la femme un jour nouveau.

La femme est une réceptivité. De même qu’elle reçoit de l’homme l’embryon, elle en reçoit l’esprit et le devoir.

Improductive par nature, inerte, sans industrie ni entendement, sans Justice et sans pudeur, elle a besoin qu’un père, un frère, un amant, un époux, un maître, un homme, enfin, lui donne, si je puis ainsi dire, l’aimantation qui la rend capable des vertus viriles, des facultés sociales et intellectuelles.

De là, son dévouement à l’amour : ce n’est pas seulement l’instinct de la maternité qui la sollicite, c’est le vide de son âme, c’est le besoin de courage, de Justice et