Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/386

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Astrée, confondue avec la Pudeur, autre chose qu’une Justicière ! Tout est subordonné par la femme à l’amour ; elle y ramène tout, elle s’en fait un prétexte et un instrument pour tout : ôtez-lui l’amour, elle perd la raison et la pudeur.

Irons-nous maintenant, de cet être tout entier à l’amour, faire un contre-maître, un ingénieur, un capitaine, un négociant, un financier, un économiste, un administrateur, un savant, un artiste, un professeur, un philosophe, un législateur, un juge, un orateur, un général d’armée, un chef d’État ?

La question porte en elle-même sa réponse. Parce qu’elle reçoit tout de l’homme, qu’elle n’est rien que par l’homme et par l’amour, la femme ne peut aller de pair avec l’homme : ce serait une dénaturation, une confusion des sexes, et nous avons appris où cela mène.

XVII

Toutes ces constatations sur le physique et le moral comparés de l’homme et de la femme devaient être faites, non dans un vain esprit de dénigrement et pour le plaisir stupide d’exalter un sexe aux dépens de l’autre, mais parce qu’elles sont l’expression de la vérité, que la vérité seule est morale, et ne peut être prise par personne ni pour éloge ni pour offense. Si la nature a voulu que les deux sexes fussent inégaux, par suite unis sous une loi de subordination, non d’équivalence, elle a eu ses vues apparemment, plus profondes et plus concluantes que les utopies des philosophes, plus avantageuses non-seulement à l’homme, mais à la femme, à l’enfant, à toute la famille. On l’a dit il y a longtemps, plus l’humanité est partie de bas, plus sa moralité l’élève en gloire. Ce qui est vrai de la collectivité conjugale l’est individuellement de chacun des époux : laissez à l’homme l’héroïsme, le gé-