Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/437

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Jacques, elle fait du frère le confident des amours de la sœur ; dans le Champy, après avoir représenté l’enfant naturel comme un modèle de dévouement filial, elle lui fait épouser sa mère nourrice, malgré le cri de la conscience qui proteste contre cet inceste spirituel ; dans Lélia elle pousse le privilége de l’artiste jusqu’aux jouissances unisexuelles :

« La continence où vous vivez, dit Pulchérie à sa sœur, provoque dans l’esprit des hommes de plus graves accusations que toutes mes galanteries. Mais peut-être ne trouvez-vous pas au-dessus de votre destinée d’être soupçonnée de mystérieuses et terribles passions, tandis que vous méprisez le vulgaire renom d’une bacchante. »

Ailleurs elle calomnie le mariage dans sa solennité nécessaire :

« J’ai enlevé ma compagne le jour de mon mariage ; par là, je me suis soustrait à tout ce que la publicité imbécile d’une noce a d’insolent et d’odieux. Je suis venu ici jouir mystérieusement de mon bonheur…… Nous n’avons eu que Dieu pour témoin et pour juge de ce que l’amour a de plus saint, de ce que la société a su rendre hideux et ridicule. »

L’idée n’est pas plus neuve que cent autres ramassées dans les immondices du siècle par Mme Sand. Il ne manque pas de gens qui se dérobent par la fuite à la publicité de leur mariage : ils ont raison puisqu’ils en rougissent ; mais il faut apprendre à ces gens-là ce qu’il appartenait à Mme Sand de faire, que, s’il y a lieu de rougir ici de quelque chose, c’est de cet amour prétendu saint et de ses jouissances, non du mariage, qui l’épure et l’affranchit. Que la concubine se voile, puisqu’elle suit la passion et se voue à l’amour ; mais que l’épouse se montre : elle a vaincu la chair, non plus seulement par l’amour, mais par la Justice et la charité.

D’après la théorie de l’amour libre, que suit fatalement George Sand, le mariage est réputé un marché infâme, et la jeune fille qui se marie sans inclination appelée prostituée. C’est toujours la logique du dévergondage, mise à la place de la raison du genre humain.