Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/457

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par la pudeur que la femme est souveraine : parlez donc de porter cette vertu-là à son actif !… J’ai dit qu’en principe il n’y avait pas de femme laide ; j’ajoute qu’il n’y a pas non plus de femme impure. L’impure est hors de son sexe, hors de l’humanité : c’est une femelle de singe, de chien ou de porc, métamorphosée en femme. Mais essayez de prendre la pudeur de la femme pour base d’un droit réel ; de lui faire de cette chasteté qui l’élève si haut, de cet esprit de tolérance, de patience et de résignation qu’elle a reçu en partage, une sorte de spécialité économique et de fonction sociale : au lieu d’honorer la femme, vous l’avilissez ; vous pensez l’affranchir, et vous la rejetez dans l’opprobre.

Ainsi l’on peut bien dire qu’entre l’homme et la femme il existe une certaine équivalence provenant de la comparaison de leurs natures respectives, au double point de vue de la force et de la beauté : si par le travail, le génie et la Justice, l’homme est à la femme comme 27 est à 8, la femme, à son tour, par les grâces de la figure et de l’esprit, par l’aménité du caractère et la tendresse du cœur, est à l’homme comme 27 à 8. Mais, quoi qu’en aient dit les économistes, aucun contrat de vente, d’échange ou de prêt, n’est ici possible : les qualités de l’homme et de la femme sont des valeurs incommutables ; les apprécier les unes par les autres, c’est les réduire également à rien. Or, comme toute question de prépondérance dans le gouvernement de la vie humaine ressortit soit de l’ordre économique, soit de l’ordre philosophique ou juridique, il est évident que la suprématie de la beauté, même intellectuelle et morale, ne peut créer une compensation à la femme, dont la condition reste ainsi fatalement subordonnée.