Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/106

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progrès depuis la victoire des Jacobins sur la Gironde. Résultat inévitable d’un système artificiel, où l’on mettait d’un côté la souveraineté métaphysique et le droit de critique, de l’autre toutes les réalités du domaine national, toutes les puissances d’action d’un grand peuple.


Dans le système fédératif, de telles appréhensions ne sauraient exister. L’autorité centrale, initiatrice plutôt qu’exécutoire, ne possède qu’une part assez restreinte de l’administration publique, celle qui concerne les services fédéraux ; elle est placée sous la main des États, maîtres absolus d’eux-mêmes, et jouissant, pour tout ce qui les concerne respectivement, de l’autorité la plus complète, législative, exécutive et judiciaire. Le Pouvoir central est d’autant mieux subordonné, qu’il est confié à une Assemblée formée des délégués des États, membres eux-mêmes, bien souvent, de leurs gouvernements respectifs, et qui, par cette raison, exercent sur les actes de l’Assemblée fédérale une surveillance d’autant plus jalouse et sévère.


Pour contenir les masses, l’embarras des publicistes n’était pas moins grand ; les moyens employés par eux tout aussi illusoires, et le résultat aussi malheureux.


Le peuple aussi est un des pouvoirs de l’État, celui dont les explosions sont le plus terribles. Ce pouvoir a besoin d’un contre-poids : la démocratie elle-même est forcée d’en convenir, puisque c’est l’absence de ce contre-poids qui, livrant le peuple aux excitations les plus dangereuses, lais-