Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/122

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la séparation des pouvoirs dans chaque État souverain ; pour troisième corollaire la fédération agricole-industrielle.


Dans une république constituée sur de tels fondements, on peut dire que la liberté est élevée à sa troisième puissance, l’autorité ramenée à sa racine cubique. La première, en effet, grandit avec l’État, en autres termes se multiplie avec les fédérations ; la seconde, subordonnée d’échelon en échelon, ne se retrouve entière que dans la famille, où elle est tempérée par le double amour conjugal et paternel.


Sans doute la connaissance de ces grandes lois ne pouvait s’acquérir que par une longue et douloureuse expérience ; peut-être aussi qu’avant de parvenir à la liberté, notre espèce avait besoin de passer par les fourches de la servitude. À chaque âge son idée, à chaque époque ses institutions.


Maintenant les temps sont venus. L’Europe entière demande à grands cris la paix et le désarmement. Et comme si la gloire d’un si grand bienfait nous était réservée, c’est vers la France que se portent les vœux, c’est de notre nation qu’on attend le signal de la félicité universelle.


Les princes et les rois, à les prendre au pied de la lettre, sont du style antique : déjà nous les avons constitutionnalisés ; le jour approche où ce ne seront plus que des présidents fédéraux. Alors ce sera fait des aristocraties, des démocraties et de toutes les kraties, gangrènes des nations, épouvantails de la liberté. Est-ce que cette démocratie, qui se croit libérale et qui ne sait que