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Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/154

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ce problème insoluble : Accord de l’unité politique avec la décentralisation administrative[1] ?


Du moins, ce que la physiologie générale des États semblait devoir interdire, les circonstances, par exception, l’autorisaient-elles ? Y avait-il pour l’Italie danger de mort, raison de salut public ? Ici, l’habileté du parti va se montrer à la hauteur de sa philosophie.


Considérons que la cessation de l’influence autrichienne dans la Péninsule devait amener pour toute l’Italie un changement de régime : les ducs, le roi de Naples, le Pape lui-même, allaient être forcés d’accorder à leurs peuples des constitutions. La question, pour une démocratie intelligente, patriote, était donc de les dominer tous, en faisant

  1. Voir sur ce sujet Municipalisme et Unitarisme italiens, par M. Béchard, brochure de quarante-cinq pages, dans laquelle l’auteur rend compte des efforts tentés par les jurisconsultes italiens pour accorder les franchises municipales et provinciales, auxquelles ils tiennent tous, avec la centralisation monarchique, dont ils ont épousé le dogme. Après ce qui vient d’être dit de la constitution géographique et ethnographique de l’Italie, et l’exposition que nous avons faite du principe fédératif, le lecteur se dira que le problème auquel s’acharnent en ce moment les légistes ultramontains, est comme le mouvement perpétuel, pour ne pas dire pis. L’Italie, sa constitution géographique et physiologique donnée, tend invinciblement aux libertés fédérales, À cette tendance impérieuse qu’elle tient de l’intimité de sa nature, et qui de plus a l’avantage aujourd’hui d’être dans la ligne des principes et dans les données de l’avenir, on en substitue artificiellement une autre, inventée par l’esprit démagogique d’accord sur ce point avec l’ambition princière, et dont le résultat doit être l’absorption de toute liberté. Ferrari disait un jour au Parlement de Turin : Quand toute l’Italie se réunirait pour m’affirmer qu’elle est unitaire, je lui répondrais qu’elle se trompe. — Il avait cent fois raison.