Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/156

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n’obligeait à provoquer dores et déjà la déchéance des dynasties, qu’il était impossible d’évincer en masse, mais qu’on eût dominées par leur rivalité autant que par le nouveau droit.


Voilà ce que prescrivait, au commencement de 1859, la saine politique, d’accord avec l’intérêt des masses et le sens commun. Les projets du Piémont une fois démasqués, la démocratie aurait eu pour auxiliaires, avec Napoléon III qui n’eût pu se refuser, le roi de Naples, le Pape et les ducs eux-mêmes, obligés tous, pour conserver leurs couronnes, après avoir signé avec leurs sujets respectifs un nouveau pacte, de se réfugier dans la confédération. Pourquoi Garibaldi, Mazzini, ont-ils préféré à cette conduite si simple, si sûre, les zigzags de leur tactique unitaire ? Chose étrange ! Ce sont les hommes qui portaient le drapeau de la démocratie qui ont pris à leur charge et responsabilité le grand œuvre monarchique ; et ce sont les princes, jadis absolus, qui invoquent le droit et la liberté. C’est ainsi que les révolutionnaires italiotes sont devenus monarchiens et les princes fédéralistes.


Certes, si la volonté du peuple italien est de se donner à Victor-Emmanuel, ou, ce qui revient au même, de se constituer en État unitaire avec président ou dictateur, je n’ai rien à objecter, et je suis disposé à croire que, malgré Empereur et Pape, l’Italie finira par s’en donner le passe-temps. Mais qu’on ne parle plus alors de liberté ni de république : l’Italie, en disant adieu à sa tradition fédérale, se déclare ipso facto rétrograde. Son principe est désormais