Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/159

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Il semble pourtant que l’armée qui avait vaincu à Solferino et à Magenta, que la nation qui se déclarait sœur de l’Italie, pouvait passer pour une caution respectable, et que si à la solidité de cette garantie venait s’ajouter une politique libérale et réparatrice, l’existence de la confédération italienne au sein de l’Europe devenait un fait irrévocable. Il semble, dirai-je encore, que les plus simples convenances prescrivaient à une nationalité si peu sûre d’elle-même de s’abstenir de toute méfiance injurieuse envers un allié qui ne demandait pour sa peine qu’une rectification de frontière du côté des Alpes. Mais cela aurait trop ressemblé à une république de travail et de paix : la démocratie italienne avait des projets plus grandioses, elle avait hâte de montrer son ingratitude.


On dit pour excuse que le plus important était de chasser les princes, de détrôner le Pape et le roi de Naples que le traité de Villafranca avait maintenus, et qui, secrètement d’accord avec l’Autriche, auraient tourné les forces de la confédération contre les libertés publiques.


On reconnaît à cette défaite la tactique jacobine. S’agit-il d’empêcher une révolution favorable à la liberté, à la souveraineté positive des nations, mais contraire à ses instincts de despotisme ? le jacobin commence par mettre en suspicion la bonne foi des personnages avec lesquels il est question de traiter, et pour déguiser son mauvais vouloir, il dénonce le mauvais vouloir des autres. « Ils ne consentiront pas, dit-il ; ou bien, s’ils consentent, ce sera avec l’arrière-pensée de trahir. « Mais qu’en savez-vous ? Qui