Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/160

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vous dit que devant l’impérieuse nécessité du siècle, ces princes, nés dans l’absolutisme, ne consentiront pas à abandonner leur chimère ? Et si une fois ils consentent, comment ne voyez-vous pas que vous avez dans leur acceptation, même faite de mauvaise foi, un gage plus précieux que ne serait en ce moment leur expulsion ? Oubliez-vous ce qu’il en a coûté à Louis XVI, à Charles X, pour s’être voulu dédire ? Oubliez-vous que la seule royauté qui ne revienne pas est celle qui, par maladresse ou parjure, s’est mise dans la nécessité d’abdiquer ? Et pourquoi donc, dans la circonstance, vous en fier moins à François II, à Pie IX, à Léopold ou à Robert, qu’à Victor-Emmanuel ? Pourquoi cette préférence en faveur d’un prince que l’ironie italienne semble n’avoir surnommé le galant homme qu’en souvenir des longues perfidies de ses ancêtres ? Avez-vous fait un pacte, démocrates, avec la bonne foi piémontaise ?


« L’Italie, répliquent d’un air dédaigneux ces puritains mangeurs de rois, comptait sept, tant empereur que pape, rois et ducs. De ces sept notre plan était de jeter sur le carreau d’abord six, après quoi nous eussions eu bientôt raison du dernier. »


J’ai vu des hommes d’ordre, d’honnêtes et timides bourgeois, que les innocentes promenades des 17 mars, 16 avril et 15 mai 1848, faisaient, il y a quinze ans, tomber en pâmoison, sourire à cette politique de corsaires. Tant il est vrai que chez les trois quarts des mortels la pierre de touche du bien et du mal, n’est pas dans la conscience, elle est dans l’idéal !