Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/168

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cette matière comme en toute autre, il convient de généraliser d’abord la question. La Démocratie ne voit dans la question romaine que Rome et la Papauté : Rome, qu’elle convoite pour compléter l’unité italienne ; la Papauté, dont au fond elle ne jalouse guère moins l’autorité spirituelle que la temporelle. Il faut envisager dans cette question de Rome et du Saint-Siége toutes les églises, toutes les synagogues, toutes les sectes mystiques, tous les cultes et tous les temples de l’univers, dans leurs rapports avec le droit public et la morale des nations. Toute autre manière de raisonner étant particulière, est par cela même partiale. Sous cette réserve, qui étend à toutes les croyances religieuses ce que nous avons à dire de l’Église romaine, nous pouvons aborder la question papale.


L’Église, indépendamment de son dogme, est mère de toute autorité et unité. C’est par cette unité qu’elle est devenue, pour ainsi dire, la capitale du mysticisme. Aucune société religieuse ne saurait, sous ce rapport, lui être comparée. Sa devise est Un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême, Unus Dominus, una fides, unum baptisma ; — sa maxime de gouvernement, l’excommunication ou retranchement des rebelles : Que celui qui n’écoute pas l’Église soit regardé par vous comme païen et publicain, Qui non audierit Ecclesiam, sit vobis sicut ethnicus et publicanus. C’est de l’Église que les empereurs et les rois tiennent leur politique d’unité et leur prestige ; c’est de son éclat qu’ils empruntent leur majesté. La République une et indivisible des Jacobins, le Dio e popolo de Mazzini, ne sont également que des plagiats de sa doctrine. Aussi, en