Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/169

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dehors de ses querelles, la démocratie moderne est-elle pour l’Église ce que furent les empereurs depuis Constantin et Charlemagne, pleine de déférence et de soumission. Robespierre, au temps de ses vengeances, eut toujours un faible pour les prêtres et l’on a vu, en 1848, avec quel empressement la République les reçut dans son sein. Que l’Église, de bonapartiste ou légitimiste se déclare demain démocrate, elle n’y risque guère, et la réconciliation sera bientôt faite. Il existe à Paris, depuis 1830, une fraction de la démocratie qui regarde la Révolution française comme un corollaire de l’Évangile ; si ce parti est logique, il doit considérer la démocratie comme un synonyme de l’Église. Dans tous les pays où elle s’est propagée, l’Église possède donc, par antériorité de prérogative, la force que l’unité communique au gouvernement : c’est pour cela que, dans les siècles passés, en cas de mésintelligence entre le spirituel et le temporel, on a vu tant de fois l’Église retirer à soi l’autorité temporelle tout entière, excommunier les princes, délier les peuples du serment de fidélité, opérer une révolution dans le gouvernement. Comme au moyen âge, de pareils faits peuvent se produire encore, et peut-être avant peu de générations en serions-nous témoins, si, la corruption des mœurs poursuivant son cours, la politique tournant de plus en plus par l’exagération de l’unité et de l’autorité au despotisme, l’Église restait seule comme autorité morale et modératrice.


La fédération, au contraire, est liberté par excellence, pluralité, division, gouvernement de soi par soi. Sa maxime est le Droit, non point donné par l’Église, interprète du