Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/17

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tique, économique et social ne sera pas accompli. Depuis la Révolution française, la Démocratie a pris pour devise Liberté, Égalité. Comme, par sa nature et sa fonction, elle est le mouvement, la vie, son mot d’ordre était : En avant ! La Démocratie pouvait donc se dire, et seule elle peut être l’expression de l’avenir ; c’est, en effet après la chute du premier Empire et lors de l’avénement de la classe moyenne, ce que le monde a cru. Mais pour exprimer l’avenir, pour réaliser les promesses, il faut des principes, un droit, une science, une politique, toutes choses dont la Révolution semblait avoir posé les bases. Or, voici que, chose inouïe, la Démocratie se montre infidèle à elle-même ; elle a rompu avec ses origines, elle tourne le dos à ses destinées. Sa conduite depuis trois ans a été une abdication, un suicide. Sans doute elle n’a pas cessé d’être du présent : comme parti d’avenir, elle n’existe plus. La conscience démocratique est vide : c’est un ballon dégonflé, que quelques coteries, quelques intrigants politiques se renvoient, mais que personne n’a le secret de retendre. Plus d’idées : à leur place, des fantaisies romanesques, des mythes des idoles. 89 est au rancart, 1848 aux gémonies. Du reste, ni sens politique, ni sens moral, ni sens commun ; l’ignorance au comble, l’inspiration des grands jours totalement perdue. Ce que la postérité ne pourra croire, c’est que parmi la multitude