ne la justifie : pourquoi l’a-t-on laissé faire ? Il était facile, j’espère le démontrer tout à l’heure, de concilier les intérêts de l’Italie avec la situation acquise à notre pays et les susceptibilités de notre nation : comment ces mêmes intérêts nous sont-ils devenus antagoniques ? Que l’unification se consomme ; que le peuple et le gouvernement italiens se montrent à la hauteur de leur ambition ; que l’Europe irritée contre nous les appuie, et l’heure a sonné pour la France de l’abaissement continu, dans le commerce, dans la politique et dans la guerre. En moins d’une génération, nous pouvons n’être plus que l’ombre de nous-mêmes. Nous nous sommes posés par la guerre à l’Autriche en sauveurs des nationalités : qui nous sauverait à notre tour des inexorables conséquences de cette expédition, qui devait être pour les deux nations si heureuse, et qui menace aujourd’hui de nous devenir, à nous Français, si funeste ?
Reportons-nous à la veille de l’entrée en campagne, et considérons dans quelle position devait se trouver l’Empereur des Français après qu’il aurait détruit en Italie l’influence autrichienne, si l’on devait admettre qu’il eût promis à la légère ce que plus tard on a prétendu exiger de lui. L’Angleterre et les autres puissances, demeurées spectatrices, avaient expédié leurs notes, formulé leurs réserves ; Napoléon III, mis pour ainsi dire en demeure de s’expliquer, avait dû déclarer qu’il n’agissait qu’à la seule considération de l’Italie, sans aucun motif d’ambition personnelle ni d’agrandissement pour son empire. Tout en faisant acte de haut justicier européen, il avait obtempéré à une sommation des neutres. Pareille expédition cependant,