Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/192

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d’une portée incalculable. De quoi s’agissait-il ? D’user insensiblement les résistances, et de forcer, sans qu’il y parût, la main à Napoléon. La tactique était indiquée : si Garibaldi avait un génie politique égal à sa haine pour la France et pour l’Empereur, la partie était perdue pour nous, et nous pouvions dater notre déchéance de l’évacuation volontaire de Rome par nos troupes. Le scenario eût été moins brillant pour le général qu’en 1860 ; le résultat, au point de vue de l’unité, cent fois plus grand.


C’était le cas, en effet, pour cette Démocratie qui n’avait pas hésité à prendre pour mot d’ordre le cri de Vive le roi ! de suivre jusqu’au bout sa politique monarchiste. Il fallait se poser à son tour en parti de conservation et d’ordre, laisser de côté l’idée insurrectionnelle et fantastique des nationalités, rechercher de préférence l’appui des forces organisées et des intérêts établis, se rattacher les gouvernements, qui tous n’eussent pas demandé mieux ; ne point parler de la Vénétie, qu’on aurait retrouvée plus tard ; endormir la prudence française ; écarter la discussion sur le pouvoir temporel, en rapportant exclusivement à l’initiative des masses la défection des États de l’Église ; conspirer enfin avec Victor-Emmanuel, au lieu de conspirer contre lui.


Mais la Démocratie avait d’autres engagements. Son hypocrisie commençait à lui peser ; il lui tardait de jeter le masque, se flattant, comme toujours, de pouvoir faire seule. D’ailleurs, elle n’était pas tellement vouée à la cause de l’unité qu’elle consentît à faire taire pour elle ses ambi-