Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/222

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vous tous, ou n’y a-t-il personne ? Je ne vous parle pas de subvention : c’est un soupçon dont je ne veux charger qui que ce soit. Parlez donc, et franchement. Vous étiez en 1848, s’il m’en souvient, républicain, socialiste même, et quelque peu mon collaborateur au Peuple. Que faites-vous d’abord au Siècle ? De tout temps on vous a regardé comme un parangon d’intégrité et de puritanisme, et vous l’avez fait voir, en montrant aux lecteurs du Siècle, au bénéfice du Piémont et à mes dépens, comme quoi je ne suis qu’un Janicot. Eh bien, citoyen Delort, décoré ou non décoré, je vais vous faire voir que l’amour de l’unité n’agit pas seulement sur la conscience du journaliste, qu’il affecte aussi l’entendement, et qu’en ce qui vous concerne, il vous a tout au moins perclus l’esprit.


Contre mon opinion fédéraliste, opinion qui ne date pas d’hier, M. Delort a cru pouvoir citer de moi des paroles dont il m’aurait fort obligé de m’indiquer la source, car j’ai le malheur de ne me relire jamais, et ce que j’oublie le mieux ce sont mes propres livres :


Il faut que la République dise à l’Autrichien : Je veux que tu sortes de l’Italie, et l’Autrichien en sortira ; — elle dira au Scythe : « Je veux que tu laisses ma Pologne chérie, » et le Scythe reprendra la route du désert.


Il m’est impossible aujourd’hui de deviner ce que le ton de ce passage pouvait emprunter à l’ouvrage d’où il est extrait. Mais quel rapport y a-t-il entre cette apostrophe de la République à l’Autrichien et au Scythe, et l’unité italienne ? Je dis que la République, la République seule,