trouvé plus simple de rejeter sur le fédéralisme le témoignage à charge que j’avais apporté contre l’unité. C’est ainsi que se font les affaires et que se rédigent les journaux.
M. Guéroult insiste, avec une affectation particulière, sur le reproche d’anarchie, qu’il va jusqu’à confondre avec la fédération. Aussi bien que M. Taxile Delort, M. Guéroult sait à quel public il s’adresse. Ce que la Papauté est pour les lecteurs du Siècle, d’ailleurs excellents chrétiens, l’anarchie l’est, paraît-il, pour les abonnés de l’Opinion nationale, d’ailleurs parfaits démocrates. — Serons-nous donc toujours le même peuple ignorant et fat ? On raconte que lorsque les Vénitiens envoyèrent des ambassadeurs faire des excuses à Louis XIV, certain bourgeois de Paris pensa mourir de rire en apprenant que les Vénitiens étaient une nation qui vivait en république, et que la république était un gouvernement sans roi. À qui de M. Guéroult ou de ses lecteurs faut-il que j’apprenne que l’anarchie est le corollaire de la liberté ; qu’en théorie, elle est une des formules à priori du système politique au même titre que la monarchie, la démocratie et le communisme ; qu’en pratique elle figure pour plus de trois quarts dans la constitution de la société, puisque l’on doit comprendre, sous ce nom, tous les faits qui relèvent exclusivement de l’initiative individuelle, faits dont le nombre et l’importance doivent augmenter sans cesse, au grand déplaisir des auteurs, fauteurs, courtisans et exploiteurs des monarchies, théocraties et démocraties ; que la tendance de tout homme laborieux, intelligent et probe, fut de tout temps et nécessairement anarchique, et que cette sainte