horreur qu’inspire l’anarchie est le fait de sectaires qui, posant en principe la malignité innée et l’incapacité du sujet humain, accusant la libre raison, jaloux de la richesse acquise par le libre travail, se méfiant de l’amour même et de la famille, sacrifiant, les uns la chair à l’esprit, les autres l’esprit à la chair, s’efforcent d’anéantir toute individualité et toute indépendance sous l’autorité absolue des gros états-majors et des pontificats.
Après ce simulacre de réfutation, M. Guéroult se met à scruter les mystères de ma conscience. Suivant lui, la pensée qui m’a fait écrire aurait été une inspiration du plus infernal machiavélisme.
Quel est donc l’intérêt qui le pousse ? s’écrie-t-il en parlant de moi. Est-ce l’intérêt de la religion ? Est-ce la tendresse qu’il porte à l’Empire et à la dynastie ? Sa pudeur naturelle n’admettrait pas cette explication. En religion, il est athée ; en politique, il est partisan de l’anarchie, autrement dit de la suppression de toute espèce de gouvernement... Or, M. Proudhon est trop honnête homme pour travailler à autre chose qu’à ses idées. Faut-il donc supposer qu’en défendant le pouvoir temporel, il espère travailler au progrès de l’athéisme ? Qu’en liant indissolublement la cause de l’Empereur et celle du Pape, il espère les compromettre et les entraîner tous deux dans la même ruine, et faire fleurir la sainte anarchie sur les débris de l’Église ? Cela serait bien machiavélique, mais ne serait point du tout bête ; et comme M. Proudhon n’écrit pas pour écrire, qu’il a un but en écrivant, nous hasardons cette interprétation jusqu’à ce que la France nous en indique une meilleure…
Là-dessus M. Guéroult, qui tient à prouver que c’est lui, le critique respectueux de la pensée de Villafranca, qui