Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/241

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veur des bénédictions papales. Mais je me serais fort bien passé d’être signalé, à propos du traité de Villafranca, comme ennemi de l’Empire et de la dynastie. Assez de méfiances me poursuivent, sans que l’on y ajoute les risques de la colère impériale.


Ce que j’ai dit des rapports de la Papauté et de l’Empire est-il donc si difficile à comprendre que M. Guéroult, après s’être creusé le cerveau, n’y ait pu découvrir qu’une affreuse chausse-trape tendue par le plus noir des conspirateurs ? Mais j’ai parlé comme l’histoire. J’ai dit que toute institution, comme toute famille, a sa généalogie ; que Napoléon Ier ayant rouvert les églises, signé le Concordat, fermé la bouche aux Jacobins en leur jetant titres, décorations et pensions, créé sous le nom d’Empire une monarchie qui tenait à la fois de la Révolution et du droit divin, de la démocratie et de la féodalité, avait renoué à sa manière la chaîne des temps ; que son plan avait été de continuer, sous des formes et dans des conditions nouvelles, la tradition, non-seulement de Charlemagne, mais de Constantin et de César ; que sa pensée avait été comprise et acclamée lorsque ses soldats, après Friedland, le saluèrent empereur d’Occident ; que sous ce rapport Napoléon Ier était devenu plus que le gendre, mais le véritable héritier de l’empereur germanique ; qu’il avait mis sa pensée dans tout son jour, lorsqu’il s’était donné en quelque sorte pour collègue le czar Alexandre, chef de l’Église grecque et continuateur de l’empire de Constantinople ; qu’en dehors de cette donnée historique, la constitution impériale était dépourvue de sens. Sans doute je ne par-