Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/252

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tout. Notez d’ailleurs que Napoléon III, au gouvernement duquel on dit que le Journal des Débats s’est en dernier lieu rallié, est, comme Louis-Philippe, tout à la fois la conservation et la Révolution. Quel est donc le motif qui a déterminé le Journal des Débats en faveur du Piémont ? Est-ce un motif de réaction ou un motif de révolution ? Est-ce l’un et l’autre en même temps ?


Le Journal des Débats soutenait en 1846 le Sunderbund, en 1849 l’expédition contre Rome : comment peut-il combattre aujourd’hui les droits du Saint-Père ? — Mais le Journal des Débats est voltairien autant que chrétien, janséniste autant que jésuite, bourgeois et unitaire autant que dynastique, révolutionnaire autant que conservateur et ami de l’ordre. Qui sait ? Peut-être est-il convaincu que la religion gagnerait à la dépossession du Pape. Quoi de plus simple alors que, dans l’intérêt de la grande coalition bourgeoise comme dans celui du triomphe de l’Église, il ait sacrifié le temporel du Saint-Père à l’unité italienne ? De quelque côté que vous vous tourniez, le Journal des Débats vous présente une raison. Quelle est sa raison, enfin, sa vraie raison ? Quœrite, et non invenietis.


Avant 1848, le Journal des Débats était presque le seul organe de M. Guizot, l’austère ; mais il était en même temps celui de MM. Teste, Cubières et Pellaprat… — C’est un malheur : nul ne peut répondre de la vertu de ses amis : à chacun ses fautes.


Les gens qui lisent les Débats et qui en suivent la direction, admettent volontiers deux morales, la grande et la