Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/255

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restreint ; antérieurement à cette centralisation savante qui, résolvant toute activité locale et toute énergie individuelle dans une force de collectivité irrésistible, rend l’exploitation des multitudes si facile et la Liberté si peu redoutable, l’Église avait fait de l’unité un article de foi, et enchaîné d’avance, par la religion, le peuple au salariat. Avant que la féodalité financière existât, la charte de 1814 avait dit : « L’ancienne noblesse reprend ses titres, la nouvelle conserve les siens. » Le Journal des Débats ne l’a point oublié : c’est ce qui motiva jadis son respect pour l’Église et son dévouement à la dynastie légitime. Je demande donc au Journal des Débats si, en acceptant la décoration de Saint-Lazare et se prononçant implicitement pour la royauté piémontaise contre la Papauté, il juge désormais l’Église inutile, voire même compromettante pour son système ; s’il croit que la dynastie d’Orléans, comme celle de Bourbon, est usée ; si, par conséquent, il a fait élection d’un autre principe, l’idée napoléonienne, par exemple, ou celle de Mazzini, Dio e popolo, ou toute autre ; ou bien, s’il se réserve de suivre purement et simplement l’unité partout où elle ira, sous quelque drapeau qu’elle apparaisse, conformément à la maxime de Sosie :


Le véritable Amphitryon
Est l’Amphitryon où l’on dîne ?


J’ai dit en commençant que l’unité italienne m’avait paru n’être, pour les habiles, rien de plus qu’une affaire. Remarquez en effet que tout ce journalisme, qui a pris si chaudement parti pour le royaume d’Italie, est un journalisme d’affaires, et sa politique une politique d’affaires : cela