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Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/258

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des cocardes. M. Lanfray est-il décoré de Saint-Lazare ?… La réprimande qu’il adresse à ce sujet à M. Pelletan est lourde et entortillée : il est vrai que c’est la qualité habituelle de son style.



CHAPITRE V.


Le Temps, l’Indépendant de la charente-inférieure,
le Journal des deux-sèvres. — Servitude mentale
de M. Nefftzer.


C’est chose difficile, pour ne pas dire impossible, dans notre libéral pays de France, de conserver l’indépendance de ses opinions, depuis surtout qu’une certaine Démocratie, confite en Unité, Autorité et Nationalité, s’est constituée la gardienne et l’oracle de la pensée libre. À qui le voudrait sérieusement, il n’y aurait même pas sûreté. L’influence de cette Méduse se fait sentir jusque dans les feuilles qui ont pris à tâche de s’en affranchir, mais dont le tremblant génie ne peut soutenir la fascination de ses regards. En bonne démocratie on ne raisonne pas : le vent souffle on ne sait d’où ; les girouettes tournent, et voilà l’opinion faite. La masse suit sans réflexion, pensant comme un seul homme, parlant comme un seul homme, se levant et s’asseyant comme un seul homme. Les consciences les meilleures, les intelligences les plus saines suivent à leur tour, saisies comme par une fièvre endémique : cela s’ap-