Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/259

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pelle courant d’opinion. Devant ce courant tout cède, les uns par humeur moutonnière, les autres par respect humain. Miracle d’unité ! On connaîtrait mal la Démocratie et le secret de ses reculades, si l’on ne se rendait compte de ce phénomène. L’exemple que je vais citer est des plus curieux.


Lors de la fondation du Temps, le rédacteur en chef, M. Nefftzer, déclara au ministre dans sa demande d’autorisation et prévint le public que l’intention du nouveau journal était de se tenir en dehors de tous les partis.


En thèse générale, une pareille profession de foi est une banalité, quand ce n’est pas un acte de couardise ou de courtisanerie. Le rédacteur en chef du Temps avait certainement des motifs plus élevés : quels étaient ces motifs ? Contre qui, en particulier, était dirigée sa déclaration ?


M. Nefftzer n’est point légitimiste, on le savait ; il n’est pas orléaniste, on le savait. La manière dont il avait en dernier lieu dirigé la Presse prouvait qu’il n’était pas davantage bonapartiste ou ministériel, habitué des Tuileries ou du Palais-Royal. En matière ecclésiastique, l’éducation de M. Nefftzer, ses relations l’eussent rapproché du protestantisme plus que de la foi orthodoxe, s’il ne se fût dès longtemps fait connaître pour un esprit exempt de préjugé. Pour le surplus M. Nefftzer pouvait se dire, autant qu’homme du monde, ami de la liberté, partisan du progrès, dévoué à l’amélioration du sort des classes laborieuses. Or, quand un écrivain de la presse quotidienne n’est ni légitimiste, ni or-