Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/280

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comme catholique et dans l’intérêt de l’Église, supprimer, je me bornerai à lui faire une simple question : Nie-t-il que si les soixante ou quatre-vingt mille prêtres qui sont en France, poursuivis dans leur existence matérielle, jugeaient à propos de choisir entre eux des candidats au Corps législatif et de les présenter aux prochaines élections dans les quatre-vingt-neuf départements, ils en eussent le droit ? Nie-t-il que si le suffrage universel accueillait la majorité de ces candidatures, les cléricaux n’eussent le droit d’entrer en masse dans le gouvernement ? Nie-t-il qu’alors la politique ne devînt légitimement une politique chrétienne, sinon tout à fait ecclésiastique ? Non, il ne peut nier cela, puisque c’est écrit dans notre droit public. Bien mieux M. Frédéric Morin, démocrate et catholique, ne serait-il pas heureux de ce triomphe de la religion ? Assurément. Donc la séparation du temporel et du spirituel, ainsi que je l’ai affirmé tant de fois, est en elle-même une chimère ; donc, puisque d’une part le spirituel et le temporel sont connexes, et que d’autre part les intérêts qui composent le temporel sont divergents, l’unité de religion est aussi chimérique que celle du gouvernement ; donc ce n’est pas en vertu de ce principe triplement faux, d’une unité religieuse, d’une unité gouvernementale, et de leur séparation, que le parti de la Révolution doit attaquer l’Église et revendiquer les États du Saint-Père ; donc la vraie, l’unique question entre le parti de la foi et le parti du progrès est la question morale, question dans laquelle nous sommes certains de succomber, et nous nous condamnons nous-mêmes en faisant à notre antagoniste une guerre déloyale et en joignant à la spoliation l’hypocrisie. Ce qui soutient l’Église