Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/279

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Cette observation est exactement la même qui m’a été adressée, en termes d’une parfaite courtoisie, par un respectable pasteur de Rotterdam. Elle signifie que, dans la pensée de M. Fr. Morin, fervent catholique, l’unité religieuse, qui doit un jour réunir en une même profession de foi tous les croyants, a pour condition de réalisation d’être nettement séparée de l’unité politique. Ainsi M. Morin est doublement unitaire ; il l’est dans son cœur, et dans son entendement, il l’est en religion et en politique. Comment avec cela peut-il se dire démocrate, libéral, voire même révolutionnaire ? J’avoue que c’est pour moi une énigme.


Quoi qu’il en soit, ni M. Morin ni mon correspondant hollandais ne m’ont compris. D’abord, ai-je nié que les Romains eussent le droit de trancher, en tant qu’il dépend d’eux, l’affaire du temporel en donnant l’exclusion au Saint-Père ? Jamais. Telle n’est pas pour moi la question. Il s’agit de se prononcer entre la fédération et l’unité. Sur quoi je me borne à dire, faisant abstraction des droits ou prétentions dynastiques du Saint-Siége, que si les Romains, de même que les Napolitains et les Toscans, donnent la préférence au royaume sur la fédération, ils en sont parfaitement les maîtres ; seulement ils manquent, selon moi, à la tradition de l’Italie, aux garanties de la liberté et aux vrais principes du droit, et de plus se mettent mal avec le monde catholique. Je dis qu’au lieu d’avancer par cette politique dans la voie révolutionnaire, ils reculent ; qu’au lieu d’amener à la raison le catholicisme, ce qui d’ailleurs n’est pas dans leur intention, ils lui préparent une recrudescence.


Quant au temporel pontifical, que M. Fr. Morin voudrait,