Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/297

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lui-même, pour celui qui lui rend hommage, le droit personnifié, mieux encore, la source même du droit.


Dans une monarchie absolue, dans une démocratie idéaliste et unitaire, où la raison d’État est quelque chose de supérieur au droit, il est tout simple que le serment soit requis, que de plus il soit prêté entre les mains de l’homme ou de l’assemblée qui représente l’autorité publique, la raison d’État. Sous l’ancien régime, par exemple, le gouvernement était personnel, autocratique, ce dont témoignait suffisamment l’indivision du pouvoir. Le système politique s’incarnait dans le prince, empereur ou roi, lequel, venant à mourir, était électivement ou héréditairement remplacé, mais hors duquel il n’y avait rien. Supposez que le fonctionnaire, que le soldat, que le citoyen eût pu dire à cet homme : « Je ne vous connais pas ; » voilà l’État renversé, la société dissoute. Sans doute, tous ceux qui faisaient partie de la société ne prêtaient pas le serment : est-ce que les enfants prêtent serment à leur père ? Mais tous le devaient, et le jour où le souverain appelait quelques-uns d’eux pour les constituer en dignité, la dette devenait, à l’égard de ces élus, exigible.


Dans une République fédérative, où l’autorité est subordonnée, le gouvernement impersonnel, l’État fondé sur un contrat, les choses ne peuvent plus se passer de la même manière. Le serment ne peut être prêté à qui que ce soit. Ce ne sera pas au prince : le prince, en la qualité qu’il existe, président, landamman, ou tout ce qu’il vous plaira, est un fonctionnaire infériorisé ; ce ne sera pas même à la