Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/312

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italienne, soutient également, sous prétexte d’abolition de l’esclavage, l’unité américaine ; mais, comme pour mieux témoigner que ces deux unités ne sont à ses yeux que deux expressions bourgeoises, quasi-monarchiques, ayant pour but de consolider l’exploitation humaine, elle applaudit à la conversion, proposée par M. Lincoln, de l’esclavage des Noirs en prolétariat. Rapprochez cela de la proscription dont elle a frappé le socialisme depuis 1848, et vous aurez le secret de cette philanthropie démocratique, qui ne supporte pas l’esclavage, fi donc !… mais qui s’accommode à merveille de la plus insolente exploitation ; vous aurez le secret de toutes ces unités dont le but est de briser, par la centralisation administrative, toute force de résistance dans les masses ; vous aurez acquis la preuve que ce qui gouverne la politique des soi-disant républicains et démocrates en Amérique, de même qu’en Italie et en France, ce n’est pas la justice, ce n’est pas l’esprit de liberté et d’égalité, ce n’est pas même un idéal, c’est le pur égoïsme, la plus cynique des raisons d’État.


Si dans ses discussions sur l’affaire d’Amérique la presse démocratique avait apporté autant de jugement que de zèle ; si, au lieu de pousser le Nord contre le Sud et de crier : Tue ! tue ! elle avait cherché les moyens de conciliation, elle aurait pu offrir aux parties belligérantes de sages conseils et de nobles exemples. Elle leur aurait dit :


« Dans une république fédérative, le prolétariat et l’esclavage paraissent également inadmissibles ; la tendance doit être à leur abolition.