Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/36

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mocratique, ce qui suggère également l’idée d’une démocratie ou république universelle.


Comme variété du régime libéral, j’ai signalé l’anarchie ou gouvernement de chacun par soi-même, en anglais, self-government. L’expression de gouvernement anarchique impliquant une sorte de contradiction, la chose semble impossible et l’idée absurde. Il n’y a pourtant à reprendre ici que la langue : la notion d’anarchie, en politique, est tout aussi rationnelle et positive qu’aucune autre. Elle consiste en ce que, les fonctions politiques étant ramenées aux fonctions industrielles, l’ordre social résulterait du seul fait des transactions et des échanges. Chacun alors pourrait se dire autocrate de lui-même, ce qui est l’extrême inverse de l’absolutisme monarchique.


De même, au surplus, que la monarchie et le communisme, fondés en nature et en raison, ont leur légitimité et leur moralité, sans que jamais ils puissent se réaliser dans la rigueur et la pureté de leur notion ; de même la démocratie et l’anarchie, fondées en liberté et en droit, poursuivant un idéal en rapport avec leur principe, ont leur légitimité et leur moralité. Mais nous verrons aussi qu’en dépit de leur origine juridique et rationaliste, elles ne peuvent pas davantage, en prenant de l’accroissement et se développant en population et territoire, se maintenir dans la rigueur et la pureté de leur notion, et qu’elles sont condamnées à rester à l’état de desiderata perpétuels. Malgré l’attrait puissant de la liberté, ni la démocratie ni l’anarchie, dans