Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/56

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vers une monarchie protectrice des grandes existences, capable d’assurer l’ordre à son profit, qui, par conséquent, fasse la part plus grande à l’autorité, moindre à la liberté.


Tous les gouvernements de fait, quels que soient leurs motifs ou réserves, se ramènent ainsi à l’une ou à l’autre de ces deux formules : Subordination de l’Autorité à la Liberté, ou Subordination de la Liberté à l’Autorité.


Mais la même cause qui soulève l’une contre l’autre la bourgeoisie et la plèbe, leur fait faire bientôt à toutes deux volte-face. La démocratie, pour assurer son triomphe, ignorante d’ailleurs des conditions du pouvoir, incapable de l’exercer, se donne un chef absolu, devant l’autorité duquel tout privilége de caste disparaisse ; la bourgeoisie, qui redoute le despotisme à l’égal de l’anarchie, préfère consolider sa position par l’établissement d’une royauté constitutionnelle. Si bien qu’en fin de compte c’est le parti qui a le plus besoin de liberté et d’ordre légal qui crée l’absolutisme et c’est le parti du privilége qui institue le gouvernement libéral, en lui donnant pour sanction la restriction du droit politique.


On voit par là qu’abstraction faite des considérations économiques qui planent sur le débat, bourgeoisie et démocratie, impérialisme et constitutionnalisme, ou quelque nom que vous donniez à ces gouvernements d’antagonisme, se valent, et que des questions comme les suivantes : Si le régime de 1814 ne valait pas mieux que celui de 1804 ; s’il