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Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/59

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dique, il ne croit en définitive qu’à la volonté humaine, il n’espère qu’en l’homme, il n’a confiance qu’en ses créatures, in principibus, in filiis hominum ; il n’attend rien des principes, qui seuls peuvent le sauver ; il n’a pas la religion des idées.


C’est ainsi que la plèbe romaine, après sept cents ans d’un régime progressivement libéral et une suite de victoires remportées par elle sur le patriciat, crut couper court à toutes les difficultés en anéantissant le parti de l’autorité, et qu’en exagérant la puissance tribunitienne elle donna à César la dictature perpétuelle, fit taire le Sénat, fermer les comices, et, pour un boisseau de blé, annona, fonda l’autocratie impériale. Ce qu’il y a de curieux, c’est que cette démocratie était sincèrement convaincue de son libéralisme, et qu’elle se flattait de représenter le droit, l’égalité et le progrès. Les soldats de César, idolâtres de leur empereur, étaient pleins de haine et de mépris pour les rois : si les meurtriers du tyran ne furent pas immolés sur place, c’est que César avait été vu la veille essayant sur son front chauve le bandeau royal. Ainsi les compagnons de Napoléon Ier, sortis du club des jacobins, ennemis des nobles, des prêtres et des rois, trouvaient tout simple de s’affubler des titres de barons, de ducs, de priuces et de faire leur cour à l’Empereur ; ils ne lui pardonnèrent pas d’avoir pris pour femme une princesse de Habsbourg.


Livrée à elle-même ou menée par ses tribuns, la multitude ne fonda jamais rien. Elle a la face tournée en arrière : aucune tradition ne se forme chez elle ; pas d’esprit de