Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite, nulle idée qui acquière force de loi. De la politique elle ne comprend que l’intrigue, du gouvernement que les profusions et la force, de la justice que la vindicte, de la liberté que la faculté de s’ériger des idoles qu’elle démolit le lendemain. L’avénement de la démocratie ouvre une ère de rétrogradation qui conduirait la nation et l’État à la mort, s’ils ne se dérobaient à la fatalité qui les menace par une révolution en sens inverse, qu’il s’agit maintenant d’apprécier.


Autant la plèbe, vivant au jour le jour, sans propriété, sans entreprise, hors des emplois publics, est à l’abri des risques de tyrannie et s’en inquiète peu, autant la bourgeoisie, qui possède, trafique et fabrique, avide de la terre et des traitements, est intéressée à prévenir les catastrophes et à s’assurer la dévotion du pouvoir. Le besoin d’ordre la ramène aux idées libérales : de là les constitutions qu’elle impose à ses rois. En même temps qu’elle entoure le gouvernement de son choix de formes légales et l’assujettit au vote d’un parlement, elle restreint le droit politique à une catégorie de censitaires et abolit le suffrage universel ; mais elle se garde de toucher à la centralisation administrative, contre-fort de la féodalité industrielle. Si la séparation des pouvoirs lui est utile pour balancer l’influence de la couronne et déjouer la politique personnelle du prince ; si d’autre part le privilége électoral la sert également bien contre les aspirations populaires, la centralisation ne lui est pas moins précieuse, d’abord, par les emplois qu’elle nécessite et qui mettent la bourgeoisie en part du pouvoir et de l’impôt, puis par les facilités qu’elle donne à l’ex-