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ÉVOLUTION HISTORIQUE

rina ;- Invalide à jambe de bois, la belle Édith au col de cygne ;- Portrait du pape Grégoire XVI, Hussard lutinant la fille de l’auberge de la Grâce de Dieu ; — Intronisation de Léon X, Soldats jouant à la drogue ; —Raphaël et Michel-Ange au Vatican, le Rendez-vousde Jean-Jean, qui s’effraye en chemin des affiches du docteur Albert ; — Louis XIV et La Vallière, et une multitude d’autres choses de même acabit, entremêlées de sièges, de batailles, de revues, de bivouacs, de corps de garde et de cuisine.»

Il suffit d’une pareille énumération pour savoir à quoi s’en tenir sur. la valeur d’un artiste. Le succès prodigieux d’Horace Vernet accuse toute une époque, toute une nation. Combien pensez-vous que sont les classiques et les romantiques dans la masse du peuple français ? Un peut-être sur cent mille. Horace Vernet représente tout le monde ; il est compris, applaudi par tout le monde. Sommes-nous donc un peuple d’artistes, comme nous nous plaisons à le dire, ou un peuple de grimaciers et de polissons ? Chez nous tout dégénère, tout dégringole, on peut dire à l’unisson : quelle musique, quels airs, quels chants que ceux qui, chaque année renouvelés, font les délices de la multitude ! Nous n’avons plus de danse nationale ; le menuet et autres danses, dites de caractère, sont oubliés. La polka et la mazurka, de même que la contre-danse et la valse, ne sont pour nous qu’un prétexte