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ÉVOLUTION HISTORIQUE

pour le sujet lui-même et pour la manière dont il est traité, on n’y a rien compris du tout. L’auteur des Artistes français étudiés d’après nature, M. Th. Sylvestre, a fait de l'Enterrement une description qui est une caricature. Et, je l’avouerai, le contraste entre les figures et le motif pieux qui les réunit est d’une telle violence, que je ne pense pas, quoi que nous puissions dire, nous autres hérauts et vulgarisateurs de l’idée nouvelle, que de longtemps le public puisse comprendre et supporter une pareille leçon, ni l’artiste compter, pour de tels essais, sur le suffrage des masses.

De tous les actes de la vie, le plus grave, celui qui prête le moins à l’ironie est celui qui la termine, c’est la mort. Si quelque chose doit rester sacré, aussi bien pour le croyant que pour l’incrédule, ce sont les derniers instants, le testament, les adieux solennels, les funérailles, la tombe. Tous les peuples ont senti la majesté de ces scènes ; tous les ont entourées de religion. Le même sentiment a de tout temps inspiré les artistes qui, dans ce cas, peut-être le seul, ont su tout à la fuis obéir à l’idéal de leur époque et rester dans la vérité éternelle de leur mission. Il semble qu’en et)et aucune aberration de l’art ne soit possible dans cette solennité déchirante, où une famille, entourée des amis et des proches, assistée du clergé, va mettre le sceau à la grande séparation, en rendant à la terre le cadavre