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Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/24

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QUESTION GÉNÉRALE SOULEVÉE

multitude a le droit de déclarer ce qu’elle rejette ou préfère, de signifier ses goûts, d’imposer sa volonté aux artistes, sans que personne, chef d’État ou expert, puisse parler pour elle et se porter son interprète. Elle est sujette à se tromper, même sur ce qu’elle recherche et qu’elle aime le mieux ; son goût, tel quel, a souvent besoin qu’on l’éveille et qu’on l’exerce : somme toute, elle est juge et prononce souverainement. Elle peut dire, et nul ne saurait lui répliquer : Je commande ; à vous, artistes, d’obéir. Car si votre art repousse mon inspiration ; s’il prétend s’imposer à ma fantaisie, au lieu de. la suivre ; s’il ose récuser mes jugements ; en un mot, s’il n’est pas fait pour moi, je le méprise avec toutes ses merveilles ; je le nie.

Puis j’ai remarqué que tous tant que nous sommes, la nature nous a faits, quant à l’idée et au sentiment, à peu près également artistes ; qu’autant le progrès de la connaissance chez nous est lent, exige d’études et d’efforts, autant l’éducation esthétique est rapide ; que là tout se fait par réflexion, ici par spontanéité ; que, semblables par la faculté intellectuelle, nous ne sommes originaux, nous n’attestons notre liberté et notre personnalité que par notre faculté d’art ; que l’autorité en pareille matière est donc inadmissible ; et pour le surplus, que tous les arts relevant du même principe, ayant même destination, étant régis par les mêmes règles ; ces règles elles-mêmes étant aussi simples que