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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

moitié. Aussi aurais-je force réserves à faire sur ses maximes en fait d’art.

Par exemple, Courbet ne veut pas que l’artiste travaille sur commande. Ce précepte, qui montre combien il tient à la spontanéité et à l’indépendance, ne peut s’accepter d’une façon absolue. L’artiste, en vertu de sa faculté esthétique, doit savoir comprendre et sentir ce qui plaît aux autres, le reproduire en le rectifiant et l’embellissant, : sans cela il n’a pas toute l’étendue de sensibilité que suppose l’art.

Sans condamner formellement le passé de l’art, Courbet veut qu’on le mette de côté et qu’on ne s’en occupe plus. Le passé, dit-il, ne peut servir que comme éducation ; on ne doit s’inspirer que du présent dans ses œuvres. Je n’accepte pas cette conclusion, moyen commode de se poser soi-même en prince de l’art et artiste unique. L’humanité ne doit rien perdre de ses idées et de ses créations ; elle accumule ses richesses et se sert de tout. Il faut marcher, mais en tout conservant. Je reviendrai sur cette idée ; je me contente, quant à présent, de poser mes réserves.

Courbet se dit le plus personnel et le plus indépendant des artistes. Oui, indépendant de tempérament, de caractère, de volonté, comme les enfants gâtés qui ne font que ce qu’ils veulent. Oui, personnel en ce sens qu’il est trop souvent occupé de lui-même et quelque peu fanfaron de vanité : ce qu’il y a de plus répréhen-