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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

Barye, Rosa Bonheur, Marilhat, Millet, Brion : tous doivent aboutir au criticisme.

Courbet n’a inventé ni réalisme ni idéalisme, pas plus que la nature. Ce qu’il fait a été fait avant lui ; il l’est aujourd’hui par d’autres que lui, souvent ses rivaux, quelquefois ses vainqueurs. Tout ce qu’on a dit à son occasion et qu’il a débité lui-même est dépourvu de bon sens[1].

J’ai entendu Courbet appeler ses tableaux des allégories réelles : expression inintelligible, d’autant plus qu’elle le mettait en contradiction avec lui-même. Quoi ! il se dit réaliste, et il s’occupe d’allégories ! Ce mauvais style, ces définitions fausses lui ont fait plus de tort que toutes ses excentricités ; il est réaliste, et il revient par l’allégorie à l’idéal.

La vérité est que, comme je l’ai dit déjà, Courbet, dans son réalisme, est un des plus puissants idéalisateurs que- nous ayons, un peintre de la plus vive imagination. Je n’en voudrais comme ’preuve que son Combat de cerfs, pour l’exécution duquel ces animaux n’ont certes pas posé devant lui. Son petit

  1. Courbet m’écrit que l’art de l’idéal gouverne les deux tiers des mortels : en quoi il a raison. Il demande qu’on combatte l’idéal : "en quoi il a encore raison. Mais il ne se doute pas qu’en combattant l’idéal je fais passer la majorité du genre humain des rangs de l’idéal dans ceux de la science et du droit, que je deviens son maître, et qu’il n’est plus, lui et tons ses confrères, que mon collaborateur subalterne.